C'est en 2003 que les chemins de Rudy Berhnard et de Frédéric Otis se croisent, alors qu'ils sont employés d'un club vidéo sur la rue Cartier à Québec. Rudy, jeune auteur-compositeur, se cherche un partenaire pour l'aider à concrétiser sa vision musicale, et Frédéric, artiste multidisciplinaire autodidacte, s'empresse d'accepter son invitation. Un projet embryonnaire se met en place, nourri par diverses influences telles que The Cure, Indochine ou encore The Smiths. Les deux amis enregistrent une première pièce intitulée «Cellardoor», en référence au film «Donnie Darko» à l'automne 2004. Début 2005, Rudy propose officiellement de former un groupe nommé Les Chats. Une poignée de maquettes sont alors enregistrées à Québec chez Frédéric.

Le duo s'établit officiellement à Montréal en 2007 et se rebaptise pour l'occasion : Les Incendiaires. Un premier single 8-bit, «Entrechats», est lancé la même année et cartonne sur les ondes de CISM 89.3 FM – à un point tel que le titre est inclus à la compilation "J'aime CISM", lancée par la station au courant de l'été. En parallèle, le groupe s'élargit et accueille en ses rangs Maxime Georges à la batterie et Bruno Corbin à la basse. Ce dernier étant en colocation avec Rudy et Frédéric, les répétitions sont organisées dans le sous-sol des trois comparses. Afin de compléter l'ensemble, le quatuor recherche un claviériste : c'est Jean-Michel Leblanc, cousin de Rudy, qui répond le premier à l'appel. Son passage de courte durée demeure néanmoins historique, en raison de sa présence lors du tout premier spectacle des Incendiaires le 4 octobre 2007. Jean-Michel, comblé, quitte le navire en décembre. Comme au jeu de la chaise musicale, 2008 voit les claviéristes se succéder : Pierre-Alain Faucon se porte volontaire pour dépanner lors du deuxième show; Guillaume Mansour est de service de février à juin, le temps de deux spectacles; David Ferron prend la relève en juillet, et ce, jusqu'à la fin de l'année. Celui-ci sera d'ailleurs sur scène lors du lancement du premier opus du groupe le 28 octobre 2008. Co-réalisé par Jean-Philippe Villemure, l'oeuvre s'intitule «Mono No Aware» – expression japonaise signifiant à peu près : la beauté des choses tristes. Début 2009, après le départ de David, c'est au tour de Charles-David Dubé (Le Havre) de rejoindre la bande en tant que nouveau claviériste. Le groupe, plus solide que jamais, prend du galon en écumant les bars de Montréal et participe à quelques sessions radiophoniques au courant de l'année.

En 2010, Les Incendiaires sont invités en prestation à Bande à part aux studios de Radio-Canada, puis la formation enregistre la chanson «Amants d'immeubles» avec l’aide de Mathieu Dandurand (fidèle acolyte de Stefie Shock). La pièce entre en rotation à CKOI et le vidéoclip, réalisé par Chloé Robichaud («Féminin/Féminin», «Sarah préfère la course»), se retrouve #1 à Musique Plus. Dans la foulée, le groupe lance le maxi numérique «La menace digitale». Viennent ensuite un passage remarqué à l'édition 2011 des Francouvertes et une reprise du titre culte d'Yves Jacques «On ne peut pas tous être pauvre», accompagnée d'un autre clip signé Chloé Robichaud. Dans l'intervalle, le bassiste Bruno Corbin met fin à son aventure avec la bande et c'est Francis Oligny qui le remplace à pied levé. La table est mise pour la sortie d'un second album complet et toujours indépendant, «Unica», paru le 13 décembre 2013. On y retrouve, entre autres, des collaborations de Laurence G-Do (Le Couleur) et de Dominik Nicolas (membre fondateur d'Indochine). Avril 2015 voit la parution du maxi «Pink Vénus» qui explore la facette plus électro et sombre du groupe. S'ensuit le départ de Maxime Georges, suivi d'une prestation de la chanson «L'éléphant s'évapore» à l'émission BRBR, diffusée sur les ondes de TFO. Peu après, Francis “Frank” Renaud Legault est recruté en tant que nouveau batteur. Le groupe remanié ne perd pas son temps et lance en septembre de la même année un second EP, «Adolescences», qui regorge de morceaux pop rock échevelés. Fin 2015, le claviériste Charles-David Dubé annonce son départ afin de s'impliquer davantage dans ses propres projets. Puis en 2016, après avoir fait paraître une reprise de «3e sexe», chanson phare du groupe Indochine, la formation, qui commençait tout juste à plancher sur un troisième album, se voit contrainte de cesser ses activités : Francis Oligny, le bassiste, rend son tablier et Frédéric Otis, membre des premiers instants, se sentant épuisé créativement, décide de prendre une pause d'une durée indéterminée. Rudy, alors en plein chagrin amoureux, éprouvant l'envie d'un nouvel exutoire créatif afin de traverser cette période difficile, se lance dans la réalisation d'un vieux rêve : la confection d'un long jeu solo. «Correspondances» voit le jour en avril 2018. En décembre de la même année est lancée une compilation d'inédits des Incendiaires : intitulée «De Contrebande», elle est vouée à marquer une transition et à faire patienter les fans.

Après ce long interlude, le groupe, reconfiguré mais toujours constitué de Rudy Berhnard et de Francis “Frank” Renaud Legault, retourne en studio en mai 2021 afin d'y entamer la création d'un troisième album. La co-réalisation du projet est confiée à Vincent Blain (L'indice) et les deux musiciens sont rejoints à mi-parcours par le guitariste Louis-Jean Trudeau (Bermudes) et le bassiste Jen-Michel Danis (Gymnase). Frédéric Otis, n'ayant pas émergé de sa pause, participe tout de même à la composition de deux pièces («Le jour des fous» et «Les abîmes renversés») tout en s'occupant, comme à son habitude, de la conception de la pochette sous son pseudo : lemuet. Une fois encore, Dominik Nicolas vient prêter main forte à la bande et le groupe s'entoure de musicien.nes invité.e.s, dont Jonathan Charette (Groenland, Little High, Larynx), Michèle O., le Quatuor Lunes, ainsi que plusieurs autres. Intitulé «In abstracto», ce troisième opus des Incendiaires propose une pop sans concession aux accents psychédéliques, renvoyant tantôt à la new wave européenne, au revival post-punk ou encore à l'alternatif des 90's, le tout présenté au travers d'un prisme québécois. L'album paraît le 17 février 2023 sous la nouvelle étiquette de disques fondée par Rudy : Singeries Phonographiques.